Le 10-18mmF2.8 DC sur Fujifilm X-mount
- Christian Cuennet
- il y a 13 minutes
- 5 min de lecture
Petit test complet sur le terrain avec le 10-18mmF2.8 monté sur du Fujifilm système X, plus précisément l'excellent XH2-s, réalisé par Dany Kocher, photographe expert et nouveau Sigma Switzerland Ambassador en cette année 2025.


Un objectif « Petit mais costaud ».
Lorsque Sigma avait annoncé son arrivée sur la monture X en avril 2023, j’en étais vraiment ravi. Chez Fuji depuis 2020, il n’y avait pas de marque tierce à fournir des objectifs sur cette monture, du moins pas avec une prise en charge de l’autofocus.
L’offre Fujifilm X-Mount était plutôt complète mais il faut l’avouer, un peu vieillissante. L’arrivée de Sigma, Tamron, Viltrox et autre dans la gamme a redonné un coup de boost à cette monture et a aussi obligé Fujifilm à se réinventer.
Je me suis procuré mon premier objectif Sigma dès sa sortie en 2023. Je n’avais pas d’objectif fixe grand angle, alors j’ai jeté mon dévolu sur le 16mm 1.4, avec que du bonheur.
Pour ce début d’année 2025, Sigma m’a mis à disposition durant plusieurs mois leur zoom 10-18mm/2.8 DC DN sorti en fin d’année 2023. J’ai pris beaucoup de plaisir à le garder fixé sur mon XH2-S.
Ergonomie
Son poids ? 260 grammes ! Vous l’aurez compris, cette optique se distingue par sa compacité et son poids plume. Il mesure 62mm pour un diamètre maximal de 72 mm. Il est presque aussi petit que mon Fuji 23mm F2, c’est dire… Il est idéal pour les photographes qui recherchent une portabilité aisée tout en ne faisant aucune concession sur la qualité optique. Il offre une ouverture à F2.8 constante qui sera appréciée également par les vidéastes. L’objectif est majoritairement en polycarbonate, ce qui contribue à son faible poids. Néanmoins, la qualité perçue reste bonne et l’ensemble est soigné. Il est doté d’un joint d’étanchéité mais n’est pas stabilisé. Particularité intéressante : le pare-soleil ne se visse pas, il se clipse. A l’usage, rien à signaler, j’imagine que Sigma voulait économiser quelques millimètres en supprimant le filetage 😉. Le filetage pour les filtres, lui, est bien présent et compatible avec des filtres de 67mm.
Très appréciée des Fujistes, la bague d’ouverture est ici absente mais suite à l’achat de mon 16mm 1.4, j’étais déjà acclimaté. Pour les modes semi-automatiques, aucun problème, il suffit d’attribuer une molette pour les changements d’ouverture. Si vous ne shooter qu’en full manuel cela peut être plus contraignant en fonction de la gamme de votre appareil Fujifilm. En effet, vous devrez potentiellement attribuer les ISO à un bouton afin de pouvoir utiliser une molette pour l’ouverture. C’est mon cas avec la gamme XH.
La bague de zoom elle, est bien présente, elle s’avère fluide et ultra courte. Le zoom n’est pas interne, j’entends par là que l’objectif s’étend lorsque l’on tourne la bague de zoom, mais de 1 cm, tout au plus...
Focale
La plage qui s’étend de 10 à 18 mm est parfaite pour ceux qui souhaitent couvrir toutes les plages focales via une trilogie d’objectifs zoom. L’objectif avec la plage focale suivante commence généralement à 18mm. Exemples : Sigma 18-50, Fuji 18-55, Fuji 16-55, etc… La focale de cet objectif est par conséquent pertinente et pratique.
Je me permet de rappeler qu'avec le coefficient de focale aps-c, il faut faire X1,5 pour se rendre compte que 10-18 ou 18-50 par exemple, cadrent comme des 15-27 et 27-75mm, ce coefficient permet de connaitre mieux sa focale réelle de cadrage avec tous les objectifs "aps-c" dédiés, toutes maques confondues.
Cet objectif est forcément à comparer en face des Fujinon 10-24 F4 et Tamron 11-20 F2.8. Le Fujinon couvre une plage focale plus grande mais pèse plus lourd sur la balance (~180 grammes de +) et offre un 1 stop de luminosité en moins. Le Tamron 11-20mm ouvre à 2.8 comme le Sigma, mais pèse 335 grammes (75 de plus que le Sigma) et comme son nom l’indique, sa focale débute à 11mm. Sur du grand angle, 1mm de plus, ce n’est pas complétement négligeable, et c’est suffisant pour faire disparaître un piquet 😉
(10mm = 15mm aps-c, 11mm = 16,5mm)
A l’inverse, le Tamron va jusqu’à 20 mm contre 18 mm pour le Sigma. Au final, avec les capteurs de 26 et 40 mpx actuels, il suffit de "cropper" un peu dans l’image pour avoir le même cadrage, la matière est là. Comme on dit : Qui peut le plus, peut le moins, l’inverse n’est pas réciproque. Personnellement, je trouve que le Sigma allie le meilleur des deux mondes.
Une focale grand angle qui commence à 10mm, une grande légèreté/compacité ainsi qu’une ouverture constante de 2.8.
Qualité d’image
La qualité d’image est déjà excellente à pleine ouverture et même sur les bords. Je n’ai pas repéré de différence notable dans mon logiciel avec un zoom à 100%.

Dû à sa focale grand angle, il est forcément touché par la distorsion mais cela est facilement rattrapable en post-prod. Idem pour le vignettage, il est notable à pleine ouverture puis s’atténue en fermant le diaphragme. Là encore, une étape de post-production rattrapera facilement le phénomène.
La distance de mise au point de 11,6 centimètres permet un rapport de grossissement de 0.25, de quoi s’adonner à la macrophotographie. Cette distance de 11,6cm étant calculée depuis le capteur, le sujet touche quasiment la lentille frontale… L’ouverture 2.8 prend tout son sens avec ce style de photographie puisque j’ai trouvé le rendu du bokeh très agréable.

Les aberrations chromatiques sont extrêmement bien maîtrisées, je n’en n’ai pas constaté sur les branches face au soleil.
En parlant de soleil, il est bien entendu possible de faire des soleils en étoile en fermant son diaphragme, mais il faut avouer que ce ne sont pas les étoiles les plus propres que j’ai vu, les rayons ont tendance à se séparer. Le flare est bien maîtrisé, je n’en ai eu que dans les conditions les plus difficiles, de plus, la perte de contraste en contre-jour est minime.
Autofocus
L’autofocus est au niveau des optiques Fujifilm, c’est-à-dire bon. Les appareils Fujifilm sont encore un peu en retrait sur ce point et la rapidité d’autofocus va aussi dépendre de votre appareil. Mes tests ont été effectués avec mon XH2-S, en termes d’autofocus dans la sphère Fuji, c’est le must. Point à relever, l’Autofocus est ultra silencieux, un gros plus pour les vidéastes !
Impressions
J’ai vraiment adoré tester ce grand angle, cela faisait un moment que je n’utilisais plus les miens. De manière plus générale, les grands angles permettent de mettre en valeur les perspectives, de jouer avec les profondeurs et de décupler sa créativité. Ils sont indispensables en paysage, en architectures et en photo de rue mais il est aussi possible de faire du portrait, pour autant que l’on prenne soin de placer correctement son sujet loin des bords pour éviter de trop grosses déformations.
Ce sont des objectifs très polyvalents qui permettent, peu importe son niveau en photographie, de faire des photos qui sortent de l’ordinaire.


Si l’on résume, nous avons là un objectif zoom de très bonne facture, extrêmement compacte, léger et avec une qualité d’image excellente. Je ne vois pas tellement de compromis avec cet objectif, même son prix est le plus bas du marché pour un zoom grand angle en monture Fujifilm. Le seul compromis est l’absence de stabilisation, mais son intégration nécessiterait des changements qui dénatureraient profondément l’essence même de cette optique… (Adieu la compacité).
Vous l’aurez compris, test concluant, je ne saurais que vous recommander sincèrement ce petit costaud 10-18mm/2.8 Sigma !




Dany Kocher, Avril 2025
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